La culture et la politique font partie de ces faits de sociétés auxquels nous sommes tellement habitués que nous croyons souvent bien en saisir le sens et l’essence véritables. Pourtant dès que nous nous mettons à interroger leur signification, nous nous rendons compte qu’ils échappent à toute circonscription précise, tant leur étendue englobe tout l’univers sociétal. Mais cela n’a pas, pour autant, empêché les sciences humaines et sociales de s’inscrire, dès leurs débuts, dans des cadres conceptuels et théoriques avec toute la rigueur nécessaire pour un travail scientifique.

La politique tout comme la culture et l’éthique, autre notion du même registre sociétal, se caractérisent, en effet, par une complexité propre à l’univers de l’humain en tant qu’être doté de conscience et de raison. Cette singularité dans l’univers du vivant où son passé, son présent et son futur se combinent de façon quasi permanente, inclut le possible dans sa réalité existentielle. Si déjà chez Aristote, la politique est considérée comme le propre de l’homme et sa pratique comme l’activité architectonique qui donne sens et forme à toutes les autres activités humaines, il y a lieu de reconnaître un lien filial et originel entre les domaines du politique, de la culture et de l’éthique. Aujourd’hui, toutes les réflexions sur la politique, l’éthique ou la morale, même celles qui se réclament d’un universalisme de surplomb, à travers un humanisme transcendant les spécificités socioculturelles, tel que l’avait voulu le mouvement des Lumières, semblent reconnaître la prévalence des réalités culturelles dans les constructions politiques et les pratiques éthiques. Ainsi la résurgence des particularismes socioculturels de toutes sortes ne constitue qu’une modalité du déploiement de ce lien complexe entre les faits politique, culturel et moral.

Cet axe de recherche s’inscrit dans une perspective transdisciplinaire pour mieux appréhender les contours et les dynamiques qui s’opèrent dans ces deux domaines mais aussi dans les multiples connexions qui existent entre eux à travers l’espace et le temps, les acteurs, les contextes, les imaginaires, les croyances, les conceptions du monde (Weltanschauungen, les modalités spécifiques de déploiement de ces phénomènes de sociétés, etc.