Jusqu’à une époque récente, l’afro-pessimisme était le sentiment le mieux partagé, chaque fois que l’avenir du continent était évoqué. Cependant, force est de constater, depuis quelques années (et ce malgré la persistance de crises politiques, de conflits intercommunautaires, de menaces djihadistes, etc.), qu’un vent d’optimisme, suscité par les performances économiques, la fin de la plupart des conflits endémiques, les vagues d’alternances politiques pacifiques, la disparition progressive des régimes autoritaires etc., souffle sur le continent. Cette tendance a été corroborée par le succès du film futuriste Black panhter (2018), la perspective de restitution des œuvres d’art par la France (qui pourrait être suivie par d’autres puissances coloniales), en autres actualités culturelles qui ont dominé l’année écoulée.
Actualiser les savoirs traditionnels, revisiter notre passé et revaloriser nos figures historiques et leurs discours permettrait de repositionner l’Afrique, souvent satellisée et reléguée à la périphérie, qui pourrait ainsi participer activement à la construction du savoir. C’est dans cette optique que Paulin Hountondji appelle à la réappropriation des savoirs endogènes en ces termes : « Je n’ai jamais séparé, pour ma part, la question des savoirs dits traditionnels, la question des conditions de leur revalorisation et de leur actualisation de cette question plus générale : celle des rapports de production scientifique et technologique à l’échelle mondiale » (Hountondji, 2001 : 59).
Face aux nouveaux défis et aux enjeux de l’heure, il est urgent donc d’exhumer le riche patrimoine matériel et immatériel africain transmis selon des conditions d’énonciation (lieu, temps, narrateur autorisé) réglementées par la tradition orale ; tout en l’ouvrant aux moyens d’expression du savoir.
Il s’agit donc d’interroger tous les domaines de la connaissance (l’histoire, la géographie, la littérature, la philosophie, la sociologie, l’anthropologie, la médecine (traditionnelle et moderne), la psychiatrie, la psychologie, les mathématiques, le droit, l’économie, la botanique, la pharmacopée, l’environnement, etc.) à travers ces pistes non exhaustives :
- patrimoine, mémoire et transmission ;
- nouveaux médias et circulation des savoirs endogènes ;
- savoirs locaux et résolution de conflits ;
- savoirs locaux et nouveaux savoirs ;
- place des savoirs traditionnels dans la relation entre l’Afrique et le reste du monde ;
- mouvements citoyens, conquêtes démocratiques et expériences africaines ;
- etc.